Les recherches attestent d'une occupation humaine dès l'Age de bronze dans le quartier de Nazareth. Néanmoins, c'est l'époque gallo-romaine qui laisse encore aujourd'hui les traces les plus remarquables, comme la villa du IVème siècle, avec ses mosaïques, toujours visibles aujourd'hui à l'entrée du parc de la Garenne ou sur les murs intérieurs de l'Hôtel de ville.
La donation d'Arsieu d'Olbion a l'abbaye bénédictine de Condom en 1088 peut être considérée comme l'acte fondateur de la ville.
En découlent la construction d'un bourg fortifié avec un marché, puis un prieuré, puis l'édification des églises Saint-Nicolas et Saint-Michel. Au XIIème siècle, les seigneurs d'Albret basés à Labrit viennent s'installer sur les terres néracaises pour en assurer la protection. Près d'un demi-siècle plus tard, une partie des droits seigneuriaux reviennent par donation à Amadieu III, sire d'Albret. De 1310 à 1440, le développement de la ville se poursuit intensément, avec notamment l'édification d'une seconde ligne d'enceinte et de portes fortifiées. Les Albret, dont le pouvoir se développe également, obtiennent la juridiction complète de Nérac en 1306. Mariages et acquisitions permettent aux Albret de devenir un des premiers lignages du royaume, héritiers de la couronne de Navarre, puis de France.
Le château au XVIème siècle |
Nérac devient au XIVème siècle une des résidences favorites de la famille, devenue alors l'une des plus importantes du duché d'Aquitaine. Jusqu’à la fin du XVIème siècle, le château accueille parmi les personnages les plus influents de l’époque grâce notamment au prestige des trois cours qui se sont succédées en ses murs : celle en premier lieu de Marguerite d’Angoulême (sœur de François Ier), puis celle de sa fille, Jeanne d’Albret et enfin celle d'Henri III de Navarre (le futur roi de France Henri IV) et de son épouse Marguerite de Valois.
Nérac est alors un fief du protestantisme (notamment grâce à la dynamique de Jeanne d'Albret, qui impose la doctrine calviniste) avant de devenir un havre de paix et de tolérance religieuse sous Henri III de Navarre. Ce dernier y accueille Catherine de Médicis, venue négocier la paix, au cours des Conférences de Nérac, de 1578 à 1579.
C'est d'ailleurs lorsqu'il y établit sa cour et le siège de son gouvernement en 1576 que Nérac obtient une place majeure au rang des villes françaises d'alors et concurrence directement la cour de France.
« N'ayant rien à envier à la cour de France », la cour des Albret/Navarre participe indéniablement au développement de la ville : Nérac accueille la Chambre des comptes dès 1527 et la Chambre de l'Édit de Guyenne en 1598 et devient finalement capitale du duché d'Albret.
Au XVIème siècle toujours, s’enchaînent les constructions, trois ailes supplémentaires pour le château, les hôtels particuliers fleurissent... Les Jardins du Roy sont aménagés ainsi que le parc royal de la Garenne, dont on doit l'extension à la reine Marguerite de Valois. Nérac est alors une cité rayonnante, où il fait bon vivre. Dans un contexte de guerre de religion, elle fait figure d'exception et devient un véritable havre de paix.
Après le faste de la Renaissance, à la mort du roi, le château perd son statut de résidence royale. En 1621, la ville, protestante, plie devant l'armée royale et doit se rendre au Duc de Mayenne. L'heure est à la destruction. La Ville perd peu à peu ses grandes fonctions administratives, les institutions sont transférées à Bordeaux et à Pau durant le XVIIème siècle.
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Le château au XIXème siècle |
Nérac ne retrouve sa prospérité qu'au cours du XVIIIème siècle, grâce notamment au développement de son industrie (minoteries, tanneries) et du négoce (commerce de farine vers les Antilles). La Révolution assène un dernier coup de grâce au château des rois de Navarre : les trois-quarts du monument sont détruits
Au XIXème siècle, le développement de politiques d'espaces publics menées par des personnages influents tels que le baron Haussmann (sous-préfet de 1832 à 1840) ou encore Armand Fallières, maire en 1871 (futur Président de la République française de 1906 à 1913), modifie considérablement la topographie de la ville (notamment grâce au développement du chemin de fer), lui donnant son visage actuel.
Nérac affirme son activité industrielle, grâce à plusieurs usines métallurgiques, deux brasseries, des usines de chaussures et de sandales, une fabrique de pâtes alimentaires...
Au fil de son histoire, Nérac a inspiré de célèbres écrivains de George Sand à Marcel Prévot en passant par Alexandre Dumas.
Ils sont nés à Nérac
- Jacques de Romas (1713-1776). Physicien et inventeur du 1er cerf-volant électrique, considéré comme l'ancêtre du paratonnerre.
- Victor Griffuelhes (1874-1922). Syndicaliste, secrétaire général de la CGT de 1901 à 1909.
- René Léon Bourret (1884-1957). Géologue et zoologiste, il a consacré sa vie à l'étude des reptiles et des amphibiens, passant une grande partie de sa vie en Indochine où il étudie les serpents venimeux.
- Michel Polnareff (1944-). Auteur et chanteur. Il est le compositeur et l'interprète à succès d'un grand nombre de succès populaires.
- Annie Grégorio (1957-). Actrice comédienne, notamment au théâtre, au cinéma et à la télévision.
Ils ont fait la renommée de Nérac ou l'ont aimé
- William Shakespeare (1564-1616). Dramaturge, acteur et poète anglais.
Il s'inspire de la ville de Nérac dans une de ses plus jolies comédies Peines d'amour perdu (Love's Labour's host) qu'il écrit en 1595. - Le baron Georges Eugène Haussmann (1809-1891). Il est sous-préfet de Nérac de 1832 à 1840 et participe au modèlement urbain de la ville. Il fut à l'origine de la liaison directe Nérac-Agen.
- Armand Fallières (1841-1931). Mézinais, il devient Maire de Nérac de 1871 à 1874, et accède à la fonction de Président de la République française de 1906 à 1913, après avoir accumulé les fonctions dans différents ministères du gouvernement. Il eut une importance capitale pour la ville de Nérac, et profita de sa position au gouvernement pour participer au développement des collections du musée.
- Yves Chaland (1957-1990). Scénariste et dessinateur de bande-dessinée, il a relancé le style de la ligne claire en France dans les années 1980. Un festival de bande-dessinée lui est aujourd'hui dédié chaque année, pendant le premier week-end d'octobre, les Rencontres Chaland.
Réception du Président Fallières à Nérac en 1909 Etienne Mondineu - Collection Château-musée Henri IV Nérac |